Editorial et sommaire
Expérimentation en architecture - Les mêmes causes ne produisent pas toujours les mêmes effets, selon la réaction des acteurs. Ainsi, le choix entre 'détruire pour reconstruire’ ou 'réhabiliter’ les grands ensembles vétustes ne relève-t-il pas seulement du bilan technique de l’existant.
Il dépend plus encore de la capacité des maîtres d’ouvrage et des architectes à imaginer le potentiel des édifices concernés et à penser l’ensemble du processus, à la fois constructif, économique et social. C’est ainsi que des bâtiments désaffectés au sein de friches industrielles ou portuaires peuvent être transfigurés en pépinières d’entreprises, sièges sociaux, musées, salles de spectacles, bâtiments universitaires, logements parfois1 Dans la logique du développement durable, le choix du recyclage devrait s’imposer, sauf impossibilité technique, d’autant que transformer se révèle tout aussi créatif que concevoir du neuf. Il est d’ailleurs significatif que, cette année, deux prix d’architecture prestigieux aient été attribués à des réhabilitations : l’équerre d’argent à la tour Bois-le-prêtre2, des logements sociaux dont la nouvelle architecture permet d’économiser l’énergie et d’atténuer le bruit tout en offrant le “plaisir” de plus d’espace et de lumière aux locataires, dans un budget tenu ; le Prix européen Mies van der Rohe3 à David Chipperfield, avec Julian Harrap, pour son travail sur le Neues Museum de Berlin. La réussite de tels projets est liée à l’engagement autant qu’au talent des concepteurs.
Intervenir en site occupé à Bois-le-prêtre a demandé un vrai militantisme de la part du maître d’ouvrage et des architectes qui n’ont pas compté leur temps pour associer les habitants des lieux à l’aventure. Saluée de toutes parts, cette expérience remettra-t-elle en cause la règle du rapport automatique entre loyer et surface du logement quel que soit le coût de construction ? Les architectes, au lieu de concevoir le logement social en termes de “minimum”, imaginent comment donner “plus”4 (de surface, de lumière, de fluidité) aux habitants, à coût de construction égal, donc - espèrent-ils - à loyer égal.
La question était déjà posée il y a 20 ans par Jean Nouvel avec Nemausus à Nîmes et par Pierre Soria à Saint-Ouen5, deux opérations atypiques de logements sociaux, très médiatisées et restées des exceptions ; puis, en 2005 à Mulhouse, à la Cité Manifeste6 - opération expérimentale précédant le Grenelle de l’environnement (2007) mais intégrant les objectifs du développement durable - où l’on retrouve Jean Nouvel et Lacaton-Vassal. Le cadre de gestion du logement social tardant à évoluer, ces réalisations restent isolées et relèvent de l’héroïsme des acteurs au lieu d’être facilitées par le système, ceci alors que le parc des grands ensembles à rénover est immense et les demandeurs de logement toujours plus nombreux.
Gwenaël Querrien
1 - Cf. Archiscopie, n° 90, éditorial “Recyclages urbains”, et aussi p. 12, Cours publics.
2 - F. Druot et Lacaton & Vassal arch., Paris Habitat maître d’ouvrage. Cf. § Actualité.
3 - Cf. p. 13, Expo. “Panorama de l’architecture européenne - Prix Mies van der Rohe 2011”.
4 - Frédéric Druot, Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal, Plus. Les grands ensembles de logements, Barcelone, éd. Gustavo Gili, 2007 (étude de 2004 pour le ministère de la Culture-DAPA).
5 - Cf. Archithèse, avril 1988, Gwenaël Querrien, “Quoi de neuf ? Logements années 80”.
6 - Cf. Archiscopie, n° 53, § Actualité, Gw. Querrien, “Mulhouse, la Cité Manifeste”, et éditorial.
Au sommaire
"Paris 17e, boulevard Bois-le-Prêtre, renaissance d’une tour d’habitation", par Thierry Mandoul
Transformation de la tour Bois-le-Prêtre, boulevard Bois-le-Prêtre, Paris 17e. Maîtrise d’ouvrage : Paris Habitat OPH. Maîtrise d’œuvre : Frédéric Druot architecte mandataire, associé à Anne Lacaton & Jean-Philippe Vassal arch., avec Adis Tatarévic, Florian de Pous, Miho Nagashima, Caroline Stahl, Mario Bonilla, David Pradel, architectes collaborateurs. Surface : 12 460 m2 SHON (dont 8 900 m2 existants). Coût : 11,4 M HT. Livraison : novembre 2011.
"Paris, revitaliser les faubourgs", par Jean-François Pousse
Logements sociaux neufs et réhabilités, Paris 18e. Maîtrise d’ouvrage : SIEMP. Architectes coordinateurs : Patrick Céleste (secteur É. Chaîne), Odile Seyler (îlot Caillié). Livraisons : 2010-2011.
• Jacques Moussafir arch. : 9 logements et 3 ateliers d’artiste au 13-15, 19 rue du Nord et aux 15-18 rue Émile Chaîne. Coût : 1,46 M€ HT. Surface : 840 m2 SHON. Charles-Henri Tachon arch. : 8 logements, 4 ateliers d’artiste et un local d’activité à l’angle des rues du Nord et des Poissonniers. Coût : 1,87 M€ HT. Surface : 997 m2 SHAB.
• Bigoni & Mortemard arch. : 18 logements dont 6 en réhabilitation dans deux immeubles distincts + 1 appartement sur cour indépendant et à RDC. Îlot Caillié, 4 bd de la Chapelle. Coût : 3,06 M€ HT. Surface : 1 787 m2 SHON.
"Ambassade de France à Pékin", par François Lamarre
Ambassade de France à Pékin, 60 Tianze Lu, Chaoyang District. Programme : regroupement de la chancellerie, du consulat, des services et de la résidence de l’ambassadeur sur le mode campus. Maîtrise d’ouvrage : ministère des Affaires étrangères. Maîtrise d’œuvre : S.Area Alain Sarfati, architecte mandataire, avec Christian Laquerrière, Ovidiu et Christiana Milea, chefs de projet. Partenaire chinois : BIAD (Beijing Institute for Architectural Design). Paysagiste : Florence Mercier. Maîtrise d’œuvre d’exécution : S.Area / Ginger Sechaud et Bossuyt / Aes Christian Prouvost. Consultant façade : Bernard Viry et Nicolas Godelet. Décoration résidence : services immobiliers du ministère. 1 % artistique : Jean-Bernard Métais, Vincent Lamouroux. Surfaces : 19 500 m2 SHON. Coût : 24 M€ HT. Calendrier : concours 2004, mise en service septembre 2011.
"Anne Tyng, 1920-2011. Habiter la géométrie", par Caroline Maniaque
"Paul Chaslin, 1923-2012", par Gwenaël Querrien
"L’architecture religieuse des Trente Glorieuses", par Ana bela de Araujo
Pierre Lebrun, Le Temps des églises mobiles. L’architecture religieuse des Trente Glorieuses (1945-1975), Gollion, Infolio, coll. Archigraphy, 2011, 345p., 29 €.
"Ernst Ludwig Kirchner architecte", par Anne-Marie Châtelet
Ralf Beil, Katharina Siegmann, Ernst Ludwig Kirchner als Architekt, Munich / Darmstadt, Hirmer Verlag / Institut Mathildenhöhe, 2011, 144 p., 34,90 €. Catalogue très illustré paru à l’occasion de l’exposition à l’Institut Mathildenhöhe à Darmstadt (Allemagne), du 2/10/2011 au 8/1/2012, comprenant un inventaire des dessins qu’il fit durant ses études, et un tableau du cursus de la formation de l’École technique supérieure de Dresde.
"Le Dépaysement", par Anne Demerlé-Got
Jean-Christophe Bailly, Le Dépaysement. Voyages en France, Paris, Le Seuil, coll. Fiction & Cie, 2011, 420 p., 23 €.