L’enseignement de l’architecture en quête de son avenir - Les premières réflexions d’envergure sur l’enseignement de l’architecture, remettant en cause l’académisme de l’ancienne École des beaux-arts, sont nées dans les années 1960 et se sont traduites par la constitution de groupes d’ateliers réunis selon leurs objectifs, de réforme ou de statu quo.

Le vent de Mai 68 passant par là va radicaliser les positions (les “maos”, inspirés par la révolution culturelle chinoise, dénonçant l’architecture comme art bourgeois) et conduire à l’explosion de la section architecture des Beaux-Arts. Naissent alors les unités pédagogiques d’architecture (UPA), indépendantes et affichant chacune leurs positions (politisées ou non) sur l’architecture¹. Dès 1968, l’idée d’un rapprochement des UPA avec l’université se fait jour, ne serait-ce que pour les ouvrir à la recherche, jusque-là absente du domaine de l’architecture, sauf en matière très technique dans des organismes spécialisés comme le CSTB².
L’autre option envisagée est de s’orienter vers la logique des grandes écoles, certes très sélectives mais beaucoup mieux dotées financièrement, avec pour argument la technicité (bien réelle) du métier d’architecte et sa responsabilité, comparable à celle du médecin (au sens où l’erreur peut être fatale). Finalement, les écoles feront leur chemin à leur manière. En 2005, c’est la logique européenne d’harmonisation des cursus d’enseignement supérieur qui va concrétiser leur rapprochement avec l’université via l’instauration du cursus LMD (licence-master-doctorat). Les désormais ‘écoles nationales supérieures d’architecture’ auront aussi recours, à partir de 2009, à l’AERES³ pour l’évaluation de leur recherche.
C’est dans cette logique que s’inscrit la concertation nationale sur l’enseignement de l’architecture lancée fin novembre⁴ par la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, en relation avec celle menée depuis juillet par le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche et dont les conclusions ont été présentées au président de la République le 17 décembre. François Hollande a demandé à la ministre responsable, Geneviève Fioraso, de “préparer un projet de loi articulé autour de quatre objectifs : mieux assurer l’insertion professionnelle de tous les étudiants ; simplifier l’organisation de la recherche et de son évaluation ; faciliter le décloisonnement entre grandes écoles, universités et organismes de recherche ; concilier efficacité et collégialité dans les instances universitaires⁵”. Ces objectifs peuvent sans doute valoir aussi pour les ENSA. Restent néanmoins les questions spécifiques à l’enseignement de l’architecture, dont le cœœur est nécessairement le projet mais dont la pluridisciplinarité est incontournable, tant pour nourrir la réflexion en amont que parce que les métiers de l’architecture sont multiples⁶.
Gwenaël Querrien

1 - Cf. Jean-Louis Violeau, Les Architectes et mai 68, Paris, éd. Recherches, 2005.
2 - Centre scientifique et technique du bâtiment, créé en 1947.
3 - Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur.
4 - Cf. § Brèves, p. 26.
5 - Cf. www.elysee.fr. Le projet de loi devrait être présenté en Conseil des ministres en mars 2013.
6 - Cf. Thérèse Evette, "Enquête sur la diversité des exercices", Paris, septembre 2012, CROA Île-de-France, téléchargeable sur architectes-idf.org

Au sommaire

"L’hôpital radical.Centre hospitalier de Marne-la-Vallée", par François Lamarre
Centre hospitalier de Marne-la-Vallée, Zac du Pré-au-Chêne, à Jossigny (Seine-et-Marne). Programme : 460 lits MCO (médecine, chirurgie, obstétrique) + 125 lits de psychiatrie + pôle logistique. Maîtrise d’ouvrage : Centre hospitalier de Lagny - Marne-la-Vallée. Maîtrise d’œœuvre : Brunet-Saunier Architecture, Jérôme Brunet architecte, avec Olivier Contré chef de projet (concours, études), Christian Chopin (chantier), Gerold Zimmerli architecte consultant hospitalier. Paysage : Péna & Peña. Signalétique : Locomotion. Surface : 72 000 m² Shon. Montant des travaux : 158 M€€ HT (valeur 2012). Calendrier : concours 2005, livraison 2012.

"Une architecture de fond de cale", par Dominique Amouroux
Mémorial de l’Abolition de l’esclavage, quai de la Fosse à Nantes (Loire-Atlantique). Maîtrise d’ouvrage : Ville de Nantes. Concepteurs : Krzysztof Wodiczko et Julian Bonder. Maîtrise d’œœuvre : agence Michel Roulleau (Michel Roulleau, Jean-Marie Beslou) et Arcadis. Signalétique : Pixels. Surface : 6 800 m² dont 1 500 m² couverts. Coût total : 6,9 M€€. Ouverture : mars 2012. Durée des travaux : deux ans. Plus d’informations sur memorial.nantes.fr

"Le Candide à Vitry-sur-Seine", par François Lamarre
Le Candide, quartier Balzac, rue Voltaire, Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne). Programme : 29 logements sociaux ; un parking 16 places en sous-sol ; des espaces communs - jardins (181 m²) et atelier (22 m²) au rez-de-chaussée ; jardin d’agrément (108 m²) et serre (44 m²) à R+6 ; jardin potager à R+7 (165 m²). Maîtrise d’ouvrage : OPHLM de Vitry-sur-Seine. Maîtrise d’œœuvre : Bruno Rollet, architecte, assisté d’Emeline Pacreau architecte. Surfaces : 2 376 m² Shon pour 2 110 m² utiles et 448 m² de surfaces annexes (balcons et terrasses des logements). Montant des travaux : 4,935 M€€ HT (dépollution et fondations spéciales comprises). Calendrier : concours janvier 2010, livraison octobre 2012.

"Le Corbusier, la commémoration perpétuelle", par Marie-Jeanne Dumont
“L’Italia di Le Corbusier”, sous le commissariat de Marida Talamona, exposition présentée jusqu’au 17/2/2013 au MAXXI à Rome. Catalogue éponyme sous la direction de M. Talamona aux éditions Electa (Milan), 2012, 446 p., 55 €€.

"Lyon au XVIII^e, un siècle surprenant !", par Gabriel Ehret
Exposition jusqu’au 5/5/2013 au musée d’Histoire de Lyon. Catalogue éponyme : Maria-Anne Privat-Savigny (dir.), Lyon / Paris, musées Gadagne / Somogy, 296 p., 35 €€. Cf.gadagne.musees.lyon.fr

"L’Hôpital en France", par Olivier Namias
Pierre-Louis Laget, Claude Laroche (dir.), L’Hôpital en France, histoire et architecture, Lyon, Lieux dits, coll. Cahiers du patrimoine, 2012, 592 p., 44 €€.

"Architecture industrialisée et préfabriquée", par Guy Lambert
Franz Graf, Yvan Delemontey (dir.), Architecture industrialisée et préfabriquée : connaissance et sauvegarde, Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes, 2012, fçs/angl., 435 p., 49 €€.

"La ville des créateurs", par Anne Demerlé-Got
Jean-Jacques Terrin (dir.), La Ville des créateurs, Marseille, Parenthèses, coll. La ville en train de se faire, 2012, fçs/angl., 251 p., 22 €.