N°121 - avril 2013

Éditorial et sommaire

Quelle architecture aujourd’hui ? Bâtiment “basse consommation” ou “à énergie positive” sont devenus les labels obligés des projets.

L’objectif de performance énergétique, louable dans son principe, conduit à produire une architecture dont l’épaisseur tient plus de la “doudoune” - du vêtement donc - que de la construction. Oubliés les murs massifs1 et leurs qualités en termes d’inertie, de solidité et d’esthétique, que chacun peut pourtant apprécier dans les architectures vernaculaires ! Aujourd’hui, la nécessité d’isoler fait souvent disparaître les éléments structurels derrière toutes sortes de doublages, à la fois étanches et respirants, comme il se doit. Les réhabilitations - part importante de l’activité du bâtiment - recourent souvent à l’isolation par l’extérieur, comme si l’aspect d’un édifice, lié à ses matériaux notamment, n’avait plus d’importance.
Les nouveaux logements sociaux, entre autres programmes, s’appliquent à répondre aux normes de la réglementation thermique et en ressortent emballés de peaux diverses, souvent sans corps2. On devrait se réjouir que le confort de l’usager soit ainsi assuré - même si, en réalité, ce sont les économies d’énergie qui sont l’objet de toutes les attentions. La contrepartie négative est une généralisation de la bouteille thermos “animée” par quelques balcons clippés sur les façades comme autant de petits tiroirs sans grande valeur d’usage.
Pourtant l’architecture bioclimatique peut être conçue autrement, comme on l’a vu pour la métamorphose de la tour Bois-le-Prêtre3 (Lacaton-Vassal et Druot arch.) ou pour l’immeuble neuf de Lipsky-Rollet à Lyon Confluence présenté dans ce numéro : doublant la façade, des espaces tampon vitrés sont créés “en plus” des surfaces de référence, et procurent à la fois l’isolation recherchée et un logement d’une générosité inhabituelle. Cette générosité est parfois critiquée comme dispendieuse, alors que si l’on fait le bilan global de telles opérations, y compris en termes de bien-être des habitants, c’est un progrès manifeste. En 1980, une recherche sur le concept de “façade épaisse4”, citant de nombreux exemples pris dans l’histoire et dans l’actualité, montrait déjà l’intérêt d’un espace de transition entre intérieur et extérieur, sous de multiples formes (colonnades, loggias, jardins d’hiver...), tant du point de vue de l’usage que de l’esthétique. Le concept d’espace tampon pour une architecture bioclimatique y figurait même déjà5. Trente ans plus tard, ce dispositif expérimental des années 1970 a tendance à le rester ! Pourtant, cette réinterprétation du jardin d’hiver - multiplié sur toute une façade d’immeuble afin que chaque famille en dispose - apporte lumière, espace et possibilité de régulation du climat intérieur du logement par les habitants grâce à divers systèmes d’ouvrants. Associée à une ventilation naturelle, elle permet un nouvel art de vivre.
Gwenaël Querrien

1 - Gilles Perraudin construit pourtant une architecture écologique en pierre massive (cf. Bulletin Ifa, n° 224, nov. 1999 et Archiscopie, n° 107, nov. 2011, § Actualité).
2 - Ce n’est pourtant pas une fatalité. Cf.
Archiscopie, n° 112, logements à Gennevilliers.
3 - Cf.
Archiscopie, n° 111, mars 2012, § Actualité.
4 - Cf. “La façade épaisse”, par Michel Rémon
et al., recherche pour le Plan Construction ; voir aussi le supplément éponyme au Bulletin du Cera, juin 1980.
5 - Maison climatique à Argenteuil, M. Vaye et F. Nicolas arch., 1978.

 

 

Au sommaire

 

"Les Archives nationales à Pierrefitte et les Archives du Nord à Lille", par François Lamarre
• Archives nationales, site de Pierrefitte-sur-Seine, 59 rue Guynemer, Pierrefitte-sur-Seine (Seine-Saint-Denis). Programme : bâtiment de stockage et de conservation de 220 magasins pour 360 km de linéaire, bâtiments “satellites” d’accueil du public (dont salle d’exposition), d’administration et d’ateliers de restauration pour un effectif de 320 salariés. Maîtrise d’ouvrage : ministère de la Culture et de la Communication - Direction générale des patrimoines. Maîtrise d’ouvrage déléguée : Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la Culture (Oppic). Maîtrise d’œœuvre : Agence Fuksas (Massimiliano et Doriana), avec Florence Mercier, paysagiste. Entreprise : Bouygues Bâtiment Île-de-France. Surfaces : 108 100 m2 Shob pour 82 500 m2 Shon et 62 000 m2 utiles, dont 44 000 m2 de magasins et 5.400 m2 d’espaces publics, sur un terrain de 4,4 ha. Coût des travaux : 195 M€€ HT pour un coût total de 244 M€€ avec chantiers scientifiques connexes et déménagement. Calendrier : décision politique et choix du site 2004, concours 2004-2005, choix du projet mai 2005, permis de construire juin 2008, début des travaux juin 2009, livraison juin 2012, ouverture au public janvier 2013.
• Archives départementales du Nord, 22 rue Saint-Bernard, Lille (Nord). Programme : bâtiment de stockage et de conservation de 49 magasins pour 80 km de linéaire. Maîtrise d’ouvrage : conseil général du Nord - Direction des grands projets. Assistance à maîtrise d’ouvrage : Itaq, Couzane et Sorane. Mandataire conception-réalisation : Norpac (groupe Bouygues Construction). Architectes associés : De Alzua+ et Zigzag Architecture. Surfaces : 13 255 m2 Shon pour 10 200 m2 utiles. Coût des travaux : 30 M€€ HT pour un coût global de 33 M€€ HT. Calendrier : concours 2008-2009, permis de construire octobre 2009, début des travaux juin 2010, livraison octobre 2012.

"Amplia, un immeuble à énergie positive à Lyon Confluence", par François Lamarre
Amplia, 3 rue Casimir Périer, Lyon 2e. Programme : immeuble BEPos de 66 logements en accession dont 15 à prix maîtrisé et 81 places de parking. Aménageur et organisateur du concours : société publique locale d’aménagement (Spla) Lyon Confluence. Maîtrise d’ouvrage conjointe : Vinci Immobilier et groupe Brémond. Maîtrise d’œœuvre : Lipsky + Rollet, architecte mandataire. Conseil HQE : Pénicaud Ingénierie. Paysage : In Situ. Surfaces : 5 566 m2 Shon pour 4 630 m2 habitables et 11 370 m2 Shob. Montant des travaux : 8,6 M€€ HT, hors surtoiture photovoltaïque. Concours 2007, livraison 2012.

"La Sucrière à Lyon Confluence", par Gabriel Ehret
La Sucrière, quai Rambaud, Lyon (Rhône). Programme : deuxième campagne de réhabilitation et extension de la Sucrière pour des espaces d’exposition et d’accueil, des bureaux et un bar-club. Maîtrise d’ouvrage : SCI Espace sucrière (Rhône-Saône Développement + Icade Promotion). Exploitant : GL Events (+ locataire : Biennale d’art contemporain de Lyon). Maîtrise d’œœuvre : Z Architecture. Surface Shon : 10 991 m2 dont 6 500 m2 d’espaces d’exposition et d’accueil, 500 m2 pour le club et 3 200 m2 de bureaux. Coût : 9,3 M€€ HT. Calendrier : début des travaux septembre 2010, réception juillet 2011.

"Campanile culturel aux Herbiers (Vendée)", par Dominique Amouroux
Tour des arts, place des Droits de l’Homme, Les Herbiers (Vendée). Programme : école municipale de musique (diverses salles, studios d’enregistrement, régie...) et école municipale de danse + un espace commun d’exposition, des locaux associatifs, des locaux pour l’accueil d’artistes en résidence, des bureaux pour la direction et l’administration, des locaux techniques. Maîtrise d’ouvrage : ville des Herbiers. Maîtrise d’œœuvre : Forma6, Catherine Malleret, Xavier Bouanchaud, Maëlle Tessier, Bertrand Poirier. Surface terrain : 4 779 m2. Surface Shon : 2 570 m2. Montant des travaux (hors mobilier et dispositif scénique) : 5,31 M€€ HT. Calendrier : progamme 2005, concours 2006, lancement des travaux avril 2008, livraison mars 2010.

"Pierre Micheloni (1944-2013), architecte, enseignant et chercheur", par Pierre Pinon

"Hors les murs, par Henri Gaudin", par Jean-Pierre Le Dantec
Henri Gaudin, Hors les murs, Paris, Nicolas Chaudun, 2012, 29,50 €€.

"Pierre Dalloz, mémoires de l’ombre", par Guy Lambert
Pierre Dalloz, Mémoires de l’ombre, édition établie, présentée et annotée par Stéphane Marmonier, Paris, éd. du Linteau, 2012, 170 p., 23 €€.

"Ange-Jacques Gabriel, l’héritier d’une dynastie d’architectes", par Pierre Pinon
Jean-Marie Pérouse de Montclos, Ange-Jacques Gabriel, l’héritier d’une dynastie d’architectes, Paris, Éditions du Patrimoine, Paris, 2012, 150 p., 29 €€.

"Living Architectures", par Rémi Guinard
“Living Architectures”, série réalisée par Ila Bêka et Louise Lemoine, prod. Beka & Partners, sortie DVD, avril 2013 :
• Koolhaas Houselife (2007, 58’) + interview de Rem Koolhaas, 11’ + livre 140 p., 35 €.
• Pomerol - Herzog & de Meuron (2007, 51’) + livre 140 p., 35 €.
• Gehry’s Vertigo (2008, 48’ ) + livre 140 p., 35 €.
Xmas Meier (2009, 51’) + interview de Richard Meier + livre 140 p., 35 €.
Inside Piano (2010 : The Little Beaubourg, 26’ ; The Submarine, 39’ ; The Power of Silence, 34’) + interview de Renzo Piano, 30’ + livre 140 p., 35 €€.
Existe également un coffret de trois DVD (rassemblant le contenu des DVD Koolhaas Houselife ; Gehry’s Vertigo ; Inside Piano ; Xmas Meier) + un livre (journaux de tournage et interview des cinéastes avec les architectes et graphistes Bertrand Genier et Marie Bruneau), 380 p., angl. / fçs, 99 €€.

Mensuels parus