Maisons individuelles
La lutte contre l’étalement urbain est devenue le leitmotiv pour toute métropole qui se respecte. Mais la réponse à la question de la densité ne se résume pas à la construction en hauteur et, hors centres-villes, l’expérimentation en matière d’habitat individuel groupé va bon train.
Il s’agit d’améliorer les performances de la construction ou des matériaux (construire dense, vite, à bas prix, grand, économe en énergie, recyclable, etc.) et d’analyser les modes de vie des habitants ainsi que leur perception des lieux1 : utilisation et appréciation des espaces ; relation intérieur/extérieur ; rapport entre espace public et espace privé, avec le voisinage, etc. La commande d’une maison par un particulier est rarement rentable pour le concepteur, sauf s’il travaille pour un client fortuné, ou s’il se répète d’un projet à l’autre. Cet exercice de conception à fonds perdus, voire coûteux, est néanmoins pratiqué par nombre d’architectes parce que c’est pour eux une vraie occasion de s’exprimer. Née d’une situation de dialogue direct - mais pas toujours simple - entre l’usager-maître d’ouvrage et le maître d’œuvre, la “maison d’architecte” est en général plus intéressante - parce que moins formatée - que celle qui cible un utilisateur “moyen", client virtuel défini par des statistiques. Mais le musée de plein air que constituent les maisons d’architectes reste aujourd’hui un domaine restreint à côté de celui des lotissements pavillonnaires. C’est à cette production ordinaire que s’attèle l’expérimentation publique. Ni perles rares, ni banals produits néorégionaux, les maisons de plusieurs lotissements récents portent la signature d’architectes réputés, avec pour objectif de faire bouger la donne2. C’est, entre autres, le cas de la Cité manifeste à Mulhouse, ou d’un lotissement à Saint-Nazaire3. S’il est un peu tôt pour évaluer ces opérations, en particulier quant à leur tenue dans le temps, du moins relancent-elles la question du rapport entre superficie, coût de construction, et coût de location (ou d’achat). Mais a-t-on la moindre chance de sortir de l’effet dévastateur de la spéculation qui fait que le prix du mètre carré a bien plus à voir avec la localisation qu’avec toute autre considération4 ? Si bien que dès qu’un produit est mis sur le marché, il échappe à tous les efforts d’optimisation du rapport entre surface et coût du logement.
Gwenaël Querrien
1 - Cf. p. 15, colloque “Maison individuelle, architecture et urbanité” organisé par le Puca, l’Ifa/Cité de l’architecture et du patrimoine et Arc en rêve.
2 - Cf. p. 14, exposition “Voisins-voisines”, programme Ifa/Cité, commissariat Arc en rêve.
3 - Cf. § Actualité, “Maisons en métal à Saint-Nazaire”.
4 - Le manque de logements locatifs en ville a conduit le gouvernement à accepter la location de surfaces minuscules, notamment aux étudiants. Augmenter l’offre devrait faire baisser les loyers, mais ces micro-logements risquent d’induire l’effet contraire : à Londres, un placard de rangement de 5 m2 reconverti en studio branché avec lit-couchette en hauteur vient d’être loué 135 £ la semaine
(Inf. Bbc news : ).