N°86 - mai 2009

Éditorial et sommaire

Réhabilitation - La réhabilitation représente aujourd'hui en France plus de 50% du marché du bâtiment(1). Mais pour les travaux où interviennent des architectes(2), le neuf représentait encore 72% en 2005.

La rénovation se décline de bien des manières, de la restauration du patrimoine à la reconversion des bâtiments (changement de fonction) en passant par la mise aux normes, sans oublier l'entretien. Certains de ces créneaux peuvent se combiner, la mise aux normes étant un impératif pour tout chantier important sur l'existant. À celles visant la sécurité (incendie en particulier) ou l'accessibilité des handicapés, dans les bâtiments recevant du public et les habitations, se sont ajoutées celles visant les objectifs du développement durable (certification HQE...).
Ces batteries de contraintes techniques sont dénoncées par beaucoup d'architectes comme des entraves à la création. Pour ne donner qu'un exemple, il est vrai que l'obligation d'encager les escaliers rendrait aujourd'hui impossible de construire la plupart des monuments historiques ou même les immeubles haussmanniens dans lesquels le grand escalier est une pièce maîtresse, en continuité spatiale avec le hall, les paliers ou d'autres volumes. D'un autre côté, n'est-il pas souhaitable d'assurer au mieux la sécurité des personnes ? Pour éviter une responsabilité en cas d'accident, la prudence est de mise. La reconversion du patrimoine industriel en logements ou en lieux culturels3, imaginée au départ pour faire des économies (ce qui est loin d'être toujours vrai) mais surtout pour conserver la mémoire d'un lieu significatif, a depuis longtemps rencontré un franc succès. Les grandes dimensions de ces établissements permettent de créer des volumes généreux et atypiques qui n'auraient pas forcément été possibles dans du neuf.
Par ailleurs, ce sont souvent des constructions solides puisqu'elles devaient résister à des sollicitations importantes. La réflexion sur le développement durable induit une prise en compte du bilan global de toute opération et incite à éviter les démolitions, car démolir a un coût et produit des déchets. Ceci vaut aussi pour la rénovation des grands ensembles si décriés. Après la pratique spectaculaire de l'implosion, on est revenu à des choix plus subtils4 dans les années 1990. On peut en effet densifier et désenclaver un secteur sans le raser, même si quelques démolitions limitées sont nécessaires. Les réhabilitations-extensions sont ainsi de plus en plus nombreuses. Dans le même esprit sont réalisés de nombreux réaménagements d'espaces publics urbains pour les adapter à la vie actuelle (circulations douces, transports en commun), sans rompre avec l'histoire du lieu. Plusieurs articles de ce numéro en témoignent.
Gwenaël Querrien

1 - Selon la Fédération française du bâtiment, en 2007 le montant total des travaux des entreprises du bâtiment était de 124 Mds € dont 62 pour la rénovation.
2 - 38,4 Mds € en 2005 (source : CNOA, Observatoire de la profession en 2005).
3 - Cf. les multiples reconversions à l'actif des architectes Reichen & Robert, pionniers et maîtres du genre : les filatures Le Blan (1979) et Blin & Blin (1983) à Lille transformées en logements ; la grande halle de La Villette (1985), le Pavillon de l'Arsenal (1988) à Paris...
4 - Cf. Atelier Castro-Denissof arch., logements quai de Rohan à Lorient
(BIA n°165, mars 1993) et La Caravelle à Villeneuve-la-Garenne (BIA n° 210, mars 1998).

 

 

Au sommaire

 

"Construire le paysage : une maison de retraite à Saint-Saturnin-lès-Apt", par Gwenaël Querrien
Restructuration-extension de la maison de retraite de Saint-Saturnin-lès-Apt, 1 rue Jehan Rippert (Vaucluse). Programme de 80 lits en chambre individuelle (anciennement 40 chambres à deux ou trois lits) - de 19,50 à 23 m2 et de 25,50 m2 pour les 4 chambres doubles -, dont une unité géronto-psychiatrique de 12 lits avec jardin thérapeutique. Maîtrise d'ouvrage : Maison de retraite de Saint-Saturnin-lès-Apt. Conducteur d'opération : DDE du Vaucluse. Maîtrise d'œœuvre : Agence Frédéric Nicolas architecte, Philippe Robles chef de projet. Surfaces : extension 1 400 m2, restructuration 1 700 m2. Concours : octobre 2001. Études : 2002-2006. Chantier : 2007-2009. Coût des travaux : 5 M€€ HT.

"Lycée professionnel à Varennes-sur-Seine", par Alain Borie
Lycée professionnel Gustave-Eiffel, 4 avenue d'Ormes, Varennes-sur-Seine (Seine-et-Marne). Programme : réhabilitation et extension lourde d'un lycée professionnel construit dans les années 1950. Maîtrise d'ouvrage : Région Île-de-France. Mandataire : DDE 77. Maîtrise d'œœuvre : Henri Chesnot et Jean-Marc Lepic architectes . Surface : 9 500 m2 Shon. Réalisation : concours 1999, chantier 2005-2007 en site occupé. Coût des travaux : 11,3 M€€ HT.

"Simounet à Saint-Denis, 20 ans après", par Olivier Namias
Ensemble "Le Moulin de Choisel", Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Réhabilitation de 253 logements (Roland Simounet arch., 1990) : enveloppe extérieure, parties communes, parties privatives (pièces d'eau) ; résidentialisation. Maîtrise d'ouvrage : Plaine Commune Habitat. Maîtrise d'œœuvre : CO-BE architecte (Raphaël Denis, Alexandre Jonvel, Martin Lemerre). Calendrier : juin 2008-octobre 2009. Montant des travaux : 4,6 M€€.

"Grande Côte, Gros Caillou : Lyon adapte ses pentes aux piétons", par Gabriel Ehret
Aménagement de la Grande Côte et du Gros Caillou, Lyon (Rhône). Maîtrise d'ouvrage : Communauté urbaine de Lyon. Pour la Grande Côte, maîtrise d'œœuvre : Atelier des paysages paysagiste (Alain Marguerit). Surface : 2,2 ha. Coût : 6,86 M€€ TTC. Pour le Gros Caillou (esplanade et pente), maîtrise d'œœuvre : AABD architectes (Bruno Dumétier). Surface : 1,8 ha. Coût : 6,10 M€€ TTC.

"Parc urbain à Quincy-sous-Sénart", Anne Demerlé-Got
Parc urbain, Quincy-sous-Sénart (Essonne). Programme : création d'un parc urbain, d'une halle, d'une maison verte et de ses annexes. Maîtrise d'ouvrage : Communauté d'agglomération du Val d'Yerres. Maîtrise d'œœuvre : Atelier 4A architecte mandataire / Map [paysagistes] co-traitant. Superficie du parc : 13 000 m2. Calendrier : étude 2006, livraison printemps 2008. Coût des travaux : 950 000 €€ HT.

"Eugène Hénard : deux biographies", par Éric Furlan
• Catherine Bruant, "Eugène Hénard, l'invention de l'avenir. L'infortuné destin d'une famille d'architectes de la Ville de Paris", FabricA, n°2, Versailles, LADRHAUS, École d'architecture de Versailles, 2008, 10 €€, pp. 68-185.
• Nicolas Lemas, Eugène Hénard et le futur urbain. Quelle politique pour l'utopie ?, Paris, éd. L'Harmattan, coll. Villes et entreprises, 2008, 304 p., 28 €€.

"L'invention de la ville occidentale", par Pierre Pinon
Vittorio Franchetti Pardo, L'Invention de la ville occidentale, Rodez, éd. Le Rouergue, 2008, 240 p., 42 €€.

"Over. Visions aériennes de l'American Way of Life", par Pierre Pinon
Alex MacLean, Over. Visions aériennes de l'American Way of Life : une absurdité écologique, Paris, éd. Dominique Carré/La Découverte, 2008, 335 p., 59 €€.

"Les Bains d'Alger", par Serge Santelli
Nabila Chérif-Seffadj, Les Bains d'Alger durant la période ottomane (XVIe-XIXe siècles), Paris, Presses de l'université Paris-Sorbonne, coll. Islam, 2008, 416 p., 36 €*.

Mensuels parus