Éditorial et sommaire
Recyclages urbains - Construire la ville sur la ville pour éviter l'étalement urbain est devenu un impératif partagé (en principe) depuis que le Grenelle de l'environnement a mis en exergue l'importance de la préservation des écosystèmes.
Cela implique de renoncer au mitage des campagnes par le "rêve pavillonnaire", donc de construire un autre rêve : une ville conviviale et abordable pour tous. On en est loin. Corrélativement se développent donc les réflexions sur la densité1 et la densification sous toutes ses formes : surélévations, constructions en hauteur, construction sur des espaces libres, des délaissés ou des friches industrielles, ferroviaires ou portuaires2. Une friche est dès lors appréciée comme une opportunité foncière et même paysagère. Plutôt que de faire table rase, la tendance est dorénavant de réhabiliter et de recycler tout ce qui peut l'être, en particulier les anciens "châteaux de l'industrie" : entrepôts, usines ou autres sont reconvertis en pépinières d'entreprises, locaux d'activités, équipements culturels (musées, cinémas...) ou d'enseignement3, plus rarement en logements4.
Par contre, l'éradication, totale ou partielle, de grands ensembles des années 1960-1970 reste trop souvent un réflexe. Difficile de savoir, lorsqu'intervient la décision de démolir, quelle est la part des raisons techniques - en particulier la mauvaise isolation acoustique et thermique de ces bâtiments - et celle qui relève d'une stratégie de déplacement de populations "à problèmes", le manque d'entretien du bâti lui valant d'être décrété insalubre. Toujours est-il que le déficit en nombre de logements sociaux étant grand et le solde des démolitions/ reconstructions rarement positif, les démolitions sont très mal perçues.
On sait que les "rénovations bulldozer" des années 60 invoquaient la seule insalubrité - souvent réelle - quand les vraies raisons étaient électorales ou sécuritaires, et l'histoire a tendance à se répéter. Après la critique des grands ensembles est ensuite venue celle de leur démolition5, la page vierge n'étant pas forcément la garantie d'une meilleure qualité. En effet, le logement neuf, social notamment, doit coller aux règlements et aux supposées attentes d'un usager type. Il est donc au départ coulé dans un carcan, alors que la réhabilitation, partant d'un support matériel par définition inadéquat, du fait de l'évolution des règlements et/ou du changement d'utilisation du bâtiment, permet souvent de créer des espaces moins convenus. Paradoxalement, la situation la plus contrainte n'est pas forcément la réhabilitation, comme en témoignent les résultats.
Gwenaël Querrien
1 - La fabrication de la ville dense n'est pas une préoccupation nouvelle, comme en attestent le Paris haussmannien ou le plan de Cerdà pour Barcelone. Cf. § Actualité, exposition à Barcelone.
2 - Sur les reconversions de friches portuaires et de châteaux de l'industrie, cf. notamment Rotterdam, coll. "Portrait de ville", éd. Cité (à paraître fin décembre).
3 - Cf. par ex. la Fonderie à Mulhouse devenue université, Archiscopie n°72, déc. 2007.
4 - Cf. dans ce n°, § Actualité, la Minoterie de Roubaix transformée en lofts à aménager.
5 - Cf. la cité des Poètes, Pierrefitte ; "Faut-il raser les grands ensembles" de Paul Chemetov sur www.humanite.fr/ ; voir aussi les logements du quai de Rohan à Lorient de Castro-Denissof arch., article de Jean-Claude Garcias, BIA n°165, mars 1993.
Au sommaire
"Restructuration du lycée Élisa-Lemonnier à Paris 12e", par Alain Borie
20 avenue Armand Rousseau, 75012 Paris. Programme : restructuration d'ensemble et extension de 2 098 m2. Maîtrise d'ouvrage : Région Île-de-France. Maîtrise d'ouvrage déléguée : Semaest. Maîtrise d'œuvre : Léonard & Weissmann architectes ; Annie Beriat, Anne-Isabelle Morieux, Mathieu Farman (chefs de projet). Philippe Hilaire paysagiste. Surface : SHOB existant 19 870 m2/ démolie 1 351 m2/créée 2 098 m2, soit un total de 20 617 m2. Concours : 2004. Réalisation : 2009. Coût : 20 323 000 € HT, soit 1 300 € du m2 SHON.
"Roubaix : des lofts à la Minoterie", par Bertrand Verfaillie
Rue Condorcet et quai de Brest, Roubaix (Nord). Programme : réhabilitation d'un ancien entrepôt de grains en 44 lofts bruts (4 549 m2 SHAB). Maîtrise d'ouvrage : Mohamed Rouar. Maîtrise d'œuvre : Tank Architectes, Olivier Camus, Lydéric Veauvy, et Lucie Vandenbunder, architecte assistante. Études à partir de 2005. Démarrage des travaux : avril 2007. Livraison des lofts à partir d'avril 2008. Coût des travaux : 3,4 M€ HT.
"Le chai de Château Faugères par Mario Botta", par François Lamarre
Saint-Étienne-de-Lisse (Gironde), lieu-dit "Roland", périmètre d'appellation Saint-Émilion. Programme : cuvier et chai à barriques. Maîtrise d'ouvrage : Sarl Château Faugères, propriétaire Silvio Denz, avec Georges Simoni, maître d'ouvrage délégué. Maîtrise d'œuvre : Mario Botta, architecte, avec Paola Pellandini, chef de projet, et Serge Lansalot (agence Epure, Libourne), architecte partenaire. Paysagiste : In Situ Paysage. Surface utile : 3 500 m2. Calendrier : projet 2005-2006, réalisation 2007-2009.
"Open City, Biennale d'architecture de Rotterdam 2009", par Thierry Mandoul
Plusieurs expositions, dont deux à Rotterdam : "Open City. Designing coexistence" jusqu'au 10/1/2010 au NAI et "Parallel Cases" jusqu'au 13/12/2009 sur la friche portuaire RDM, où 28 universités de 20 pays différents exposent 45 projets inspirés par le thème de l'Open City. Catalogue : Tim Rieniets, Jennifer Sigler, Kees Christiaanse, Open City: Designing coexistence, Amsterdam, éd. Sun Publishers, 2009, 464 p., 42,50 €.
"'Cerdà i la Barcelona del futur' Exposition au CCCB de Barcelone", par Simon Texier
Exposition présentée au Centre de Cultura Contemporània de Barcelona, jusqu'au 28/2/2010. Catalogue éponyme sous la dir. de Joan Busquets et Miquel Corominas, éd. Disputació de Barcelona/CCCB, 2009, 256 p., 15 €.
"Écoquartiers en France et en Europe", par Anne Demerlé-Got
• Catherine Charlot-Valdieu, Philippe Outrequin, L'Urbanisme durable. Concevoir un écoquartier, Paris, éd. Le Moniteur, 2009, 296 p., 59 €.
• Philippe Bovet, en collaboration avec Nadia Jeanvoine, Écoquartiers en Europe, Mens, éd. Terre vivante, coll. Ma ville, ma planète, 2009, 140 p., 29 €.
• Taoufik Souami, Écoquartiers : secrets de fabrication. Analyse critique d'exemples européens, Paris, éd. Les Carnets de l'info, coll. Modes de ville, 2009, 208 p., 16 €.
• Pierre Lefèvre, Michel Sabard, Les Écoquartiers. L'avenir de la ville durable, Rennes, éd. Apogée, 2009, 264 p., 21 €.
"Art et argent, les liaisons dangereuses", par Julien Bastoen
François Bourgineau, Art et argent. Les liaisons dangereuses, Paris, éd. Hugo & Cie, 2009, 218 p., 19,50 €.
"L'orientalisme architectural", par Serge Santelli
• L'Orientalisme architectural entre imaginaires et savoirs, textes réunis par Nabila Oulebsir et Mercedes Volait, Paris, éd. Picard/CNRS, coll. D'une rive, l'autre, 2009, 303 p., 38 €. Actes du colloque "Les orientalismes en architecture à l'épreuve des savoirs" tenu à Paris, à l'INHA, les 4 et 5 mai 2006.
• Mercedes Volait, Fous du Caire. Excentriques, architectes et amateurs d'art en Égypte, 1863-1914, Apt, éd. L'Archange Minotaure, coll. L'Âme du monde, 2009, 297 p., 69 €. Diff. Vilo.
"Bibliothèques d'architecture, les architectes et leurs livres", par Anne-Marie Châtelet
Olga Medvedkova (dir.), Bibliothèques d'architecture, Paris, éd. Institut national d'histoire de l'art/Alain Baudry et Cie, coll. La République européenne des lettres, La République européenne des arts, n°4, 2009, 314 p., 55 €.