
“Boldly imaginative”, a titré le New York Times lors de sa disparition. En d’autres mots, avant-gardiste. Ricardo Scofidio s’est éteint le 6 mars à l’âge de 89 ans. Manhattan pleure l’un de ses grands architectes, et le monde de l’architecture l’un de ses intellectuels. Il était une figure très sympathique de l’université privée Cooper Union. “La mort de Ric laisse un vide dans l’écosystème de la ville de New York”, a écrit Glenn D. Lowry, le directeur du MoMA, qui a suivi l’extension du musée avec lui en 2019. Scofidio et sa femme Elizabeth Diller ont fondé leur agence en 1981 (à laquelle se joindra Charles Renfro). Ensemble, ils ont conçu des expositions dont une sur la question du pli chère à Deleuze, “Bad Press”, montrée en 1993 à Castres, ainsi que l’installation Exit, sur une idée de Paul Virilio à propos des migrants et des réfugiés climatiques, exposée à la Fondation Cartier en 2008, puis en 2015 en écho à la COP 21. L’agence Diller Scofidio + Renfro s’est affirmée par des concepts aussi forts que le Blur Building sur le lac d’Yverdon-les-Bains (Swiss Expo 2002) ou la High Line qui serpente au milieu des immeubles new-yorkais, un modèle d’espace public. S’enchaînent ensuite des bâtiments, toujours à Manhattan, comme la petite tour du Roy and Diana Vagelos Education Center pour les médecins de l’université Columbia (2016) ou le centre d’art The Shed avec sa couverture télescopique en ETFE (2019). Scofidio aimait à créer des espaces inédits et savait transmettre ce goût pour l’invention.